Musée Jeanne D'Arc de Rouen  
         

Les Etendards de Jeanne d'Arc

Avant de partir pour Orléans Jeanne se fit faire deux enseignes par un peintre de Tours, Hauves Poulnoir. Le "petit étendard" fut accidentellement brûlé au moment de l'entrée de Jeanne à Orléans. Le "grand étendard" disparut au moment de la capture de Jeanne par les Bourguignons à Compiègne. Il n'a pas été vu par Pierre Cauchon, qui en fit faire la description par Jeanne au cours de son procès. Jeanne elle-même a été interrogée à plusieurs reprises sur ses enseignes lors du procès de condamnation, ses réponses nous sont parvenues à la fois par les minutes françaises et le texte latin. Le 27 février 1430 (traduction) « Interrogée si, lorsqu'elle vint à Orléans, elle avait une enseigne, en français estandard ou bannière, et de quelle couleur elle était, elle répond qu'elle avait une enseigne dont le champ était semé de lys, et il y avait là le monde figuré et deux anges sur les côtés, et il était de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin, et étaient là ces devises : Jhesus Maria, ainsi qu'il lui semble, et les franges étaient de soie ». Le 10 mars (minute française) «Interroguée se en iceluy estaindard, le monde est painct et ses deux angles repond que saincte Katherine et saincte Marguerite luy dirent qu'elle prinst hardiement et le portast hardiement et qu'elle fist mectre en paincture la le roi du Ciel... et de la signifiance ne sait aultrement ». Le 17 mars « Interroguée s'elle les a faict paindre tielz qu'ilz viennent à elle respond qu'elle les a fait paindre tielz en la manière qu’ils sont paints es eglises. » Le 17 mars, dans l'après-midi «Interroguée se ses deux angelz qui estoyent painctz en son estandard representoyent sainct Michiel et sainct Gabriel respond qu'ils n'y estoient fors seulement pour l'onneur de Nostre Seigneur, qui estoit figuré tenant le monde. Interroguée se ces deux angles, qui estoient figurés en l'estaindart estoient les deux angles qui gardent le monde, et pourquoy il n'y en avoit plus, veu qu'il luy estoit commandé par Nostre Seigneur qu'elle painst cel estaindard, respond tout l'estaindard estoit commandé par Nostre Seigneur; par les voix de sainctes Kaffierine et Marguerite qui luy dirent pren l'estaindart de par le roy du Ciel, elle y fist faire celle figure de nostre Seigneur et de deux angles et de couleur et tout le fist par leur commandement ». Il s'agit là bien évidemment d'un témoignage de première main, mais singulièrement discret. Jeanne insiste habilement sur le fait que le « Seigneur» figuré tient le monde, ce qui est habituellement l'apanage de Dieu le Père, elle insiste aussi sur l'identité des archanges, saint Gabriel, dont l'attribut est une fleur de lys, et saint Michel, dont l'attribut est une épée. Elle peut ainsi faire croire à ses juges qu'il s'agit d'une représentation « neutre » de Dieu. En fait les conventions iconographiques sont suffisamment éloquentes pour que cette description nous permette d'identifier un Christ du Jugement dernier, entouré de l'ange de la justice et de l’ange de la miséricorde. Le pennon portait une Annonciation....La devise était certainement Jhesus Maria comme sur l’étendard. Le phylactère présenté à la Vierge par la colombe de l’Esprit saint devait porter la phrase «de par le roi du ciel»... ....L’étendard a disparu quelque part autour de Compiègne sans qu’il en reste rien. On peut penser qu’il a été piétiné au moment de la capture de Jean d’Aulon, qui portait habituellement l’étendard au côtés de Jeanne. Si l’étendard avait été pris intact, il aurait sans doute été accroché en trophée aux voûtes d’une église favorisée par le comte de Luxembourg, selon les usages du temps. Mais nous n’en avons aucune trace.

-Olivier Bouzy,"Jeanne d'Arc Mythes et Réalités", Atelier de l'Archer-

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